les derbys vu par Laurent
Le derby vu par… Laurent, un fidèle supporter du Stade Lavallois ! Nous y voilà ! A J-6 du fameux derby qui déjà, fait saliver bon nombre de supporters des deux clubs, nous démarrons cette semaine si particulière en allant à la rencontre de nos voisins du Stade Lavallois ! Lorsque l’on pense aux « tangos », nous pensons forcément à l’époque de la D1 avec Michel Le Millénaire, la coupe d’Europe et l’exploit réalisé à Kiev accompagné de cette expression connu par les passionnés de ballon rond « Nous les avons stroumphé », ce bon vieux stade Francis Le Basser, etc… ! Alors quoi de mieux, de donner la parole à notre prochain adversaire par l’intermédiaire de l’un de ses supporters, en l’occurrence Laurent Villebrun, un passionné du Stade expatrié à Paris pour raisons professionnelles mais qui suis toujours de très près l’actualité footballistique de son club de cœur. Bonjour Laurent. Le fameux derby entre Le Mans FC et les tangos du Stade Lavallois est enfin de retour... ! Qu'est-ce que cela t'inspire ? « Oui le derby du Maine est enfin de retour. A mes yeux, il m’apparait presque plus géographique, entre deux villes distantes de moins de 100 kilomètres, que footballistique. Je m’explique ! Historiquement, à sa création en 1902, le Stade Lavallois a été rattaché au championnat de Bretagne et a eu pendant longtemps comme principal adversaire, le Stade Rennais. L’Union Sportive du Mans (ancêtre du MUC puis du Mans FC) était quant à lui dans un autre championnat. Les deux clubs se sont ensuite croisés régulièrement dans les années 1950-1960 sans que ce derby ne s’ancre véritablement et ne supplante dans les esprits, le derby contre les rouges et noirs. Le passage de 13 ans en division 1 du Stade Lavallois et les matchs contre le Stade Rennais ou avec le FC Nantes qui ont passionnés les amateurs de football de l‘Ouest de la France, ont conforté cet état de fait »
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« Le réel derby avec Le Mans est apparu, à mon sens, plutôt vers les années 1995- 2000 avec l’ascension progressive du MUC 72 qui vous mènera à la montée en 2003. Nos confrontations sont alors acharnées et apparaissent à l’époque pour beaucoup d‘observateurs, comme un passage de témoin entre un club ambitieux visant la ligue 1, avec un nouveau stade, sous la présidence Henri Legarda et notre « vieux stade lavallois » qui n’arrivait pas à retrouver son niveau d’antan… » |
« Avec la rétrogradation du Mans, Laval a retrouvé son leadership mais le retour en National du club sarthois vient à nouveau réveiller cette rivalité footballistique. Heureux donc de retrouver notre voisin, ville en plus où j’ai fait mes études de droit (avec le maire de Coulaines !) et où je garde de solides amitiés » Tu suis ton équipe depuis longtemps, pourrais-tu nous livrer quelques souvenirs de derbys entre nos deux clubs qui t'auraient marqué ? « Ce sont les trois matchs auxquels j’ai pu assister. Le premier match, mon unique à Léon Bollée fut le samedi 9 septembre 2000. Je me souviens du score de parité 2 – 2 et d’une belle ambiance dans ce stade historique » « Le second est le fameux 16e de finale de Coupe de la Ligue de la saison 2007-2008, le 26 septembre 2007. C’est le Mans version Ligue 1 qui se déplace à Le Basser avec à l’époque des joueurs de talents. Nous n’avions pas été ridicules et nous aurions pu gagner ce match. On le perd sur un but de Gervinho, dont le dernier but avec Parme prouve encore la classe de ce joueur » |
« Enfin, le dernier derby fut celui de la saison 2011-2012, le 20 décembre plus précisément. La saison fut très compliquée pour les deux clubs (on termine 16ème et vous 17ème). Ce match ne fut pas une grande rencontre de football et on gagne 2 à 1 durant la seconde période. Petit clin d’œil, un pur produit du Stade Lavallois, Denis Zanko, prendra la direction de votre équipe cette année-là. A ce propos, je me permets de dire que Denis Zanko est vraiment quelqu’un que j’apprécie humainement. Lors de nos rencontres, je le trouve toujours pondéré et intéressant dans ses analyses » |
Un petit mot sur la saison actuelle du Stade ?
« C’est une saison cruciale pour nous, car en cas d’échec nous perdrons le statut pro. Un effort certain a été fait pour monter une équipe compétitive. Le stade est pour l’instant leader mais le championnat est compliqué comme souvent en national et se jouera sur la régularité entre 4 à 5 équipes. Il y aura certainement une équipe surprise sur le podium comme Béziers l’année dernière » « Un bon résultat au Mans validerait cette bonne première partie de saison avant la période hivernale, où chaque match sera une bataille sur des terrains lourds » « On a une très bonne charnière centrale (Ba, Dembele) et beaucoup de joueurs techniques en milieu de terrain avec un vécu ligue 1 et ligue 2 (Danic, Obbadi ou Makhedjouf). Il nous manque peut-être un profil plus physique dans ce milieu et l’attaque pour l’instant ne répond pas aux attentes. Verdier est en manque de réussite (1 but) et notre meilleur buteur de l’année dernière Bossetti est blessé. C’est encore un chantier en construction et au regard des résultats, il faudra peut-être recruter au mercato » Enfin, l’élimination en coupe de France contre l’AS Mulsanne Téloché est inacceptable pour une équipe de notre rang qui vise la montée. Je ne peux que féliciter les joueurs sarthois pour leur qualification » |
Sur ton adversaire de samedi, Le Mans FC ?
« Je trouve le projet du club très cohérent de la part de l’équipe dirigeante, avec un entraineur intéressant et qui connait son groupe. Côté joueurs, j’ai toujours apprécié Vincent Crehin. Lors de son passage au Stade Lavallois en ligue 2 (saison 2010-2011), la marche était visiblement alors trop haute pour lui. Il a maintenant l’expérience nécessaire et vraiment c’est un super joueur, en espérant qu’il ne marque pas contre nous ! » « Côté recrues, deux bonnes pioches. Stéphane Diarra au milieu, joueur talentueux prêté par Rennes et Remy Boissier joueur typique de national (et ce n’est pas péjoratif) qu’il convient d’avoir dans son effectif. Voilà un joueur que j’aurai aimé voir à Laval. Comme nous peut être, une attaque qui nécessiterait d’être renforcée pour viser les trois premières places, mais l’équipe manceaux est homogène et pour l’instant convaincant. Là aussi ce derby est important pour vous face à un des favoris » Tu es un passionné des "tangos" depuis ton enfance. Peux-tu nous raconter une anecdote sur ton club favori, un match, un joueur qui t'aurais marqué plus qu'un autre ? « Difficiles de sortir un match en particulier. Coté joueurs, pour ceux que j’ai vu jouer, il y a Uwe Krause et son instinct de buteur en première division ainsi que Romain Hamouma en ligue deux. Pour la légende, c‘est Raymond Keruzoré car gamin à l’école primaire quand tu jouais avec tes copains au football dans la cour, tout le monde voulait être Kéru, car « il était le plus fort » et donc tu étais supposé imbattable … ! » |
« Mais plus qu’un joueur ou un match, c’est l’ambiance de ces années à Le Basser les jours de matchs. L’idée qu’enfant ou ado dans cette petite ville de province, tu voyais les stars du football hexagonal le samedi et que nos tangos, souvent issus de la Mayenne, pouvaient les battre… Ces tangos, nos idoles, tu pouvais les croiser dès le lundi en allant au collège ou au Lycée. J’habitais au Bourny pas loin de Christian Felci (joueur de 1982 à 1985 à Laval) et je le voyais dans son jardin. Il avait même une Renault 11 électronique, la première voiture qui parlait et avait un tableau de bord digital ! La classe absolue à l’époque, on était fasciné…Un peu loin des grosses cylindrées de certains de nos footballeurs actuels »
Enfin pour terminer cette petite interview, je sais que tu tiens un site très intéressant sur l'histoire du Stade. Tu peux nous en parler un peu plus ! « C’est un blog sur l’histoire du Stade Lavallois. L’idée de le faire m’est venue alors que je travaillais à Perpignan. De par mon métier, j’étais proche du club de rugby local l’USAP, créé comme le stade lavallois en 1902. J’ai été marqué par l’importance dans le rugby, de l’histoire dans la « culture club » contrairement au football à part de très rares exceptions, et souvent à l’initiative de supporters. J’ai aussi rencontré Uwe Krause lors d’un examen d’éducateur qu’il passait à St Cyprien » |
« J’ai donc essayé de rassembler des coupures de journaux, des albums panini, des fanions, des maillots pour que la mémoire « tango » ne disparaisse pas avec le temps et parce que je crois qu’il s’agit d’un trésor pour le club, la ville et le département. Je crois qu’un club, surtout comme Laval est une histoire collective qui ne peut seulement appartenir à quelques actionnaires. Ce travail m’a permis des rencontres exceptionnelles comme par exemple celle avec Jacques Ferrette, le capitaine emblématique de l’équipe de 1965, finaliste du championnat de France amateur. Un homme d’une très grande classe. Je rêve encore de rencontrer « Kéru » pour voir vraiment s’il « était le plus fort » ! Pour finir une pensée d’abord pour un manceau qui nous a quitté cette année et qui a tant donné à Laval, le grand Francis Smerecki. Puis car on sera à la veille du 11 novembre, en cette année de centenaire de la première guerre mondiale, aux joueurs du Stade Lavallois et de l’US Le Mans qui sont tombés en 1914-1918 et qui n’étaient pour la plupart que des gamins qui aimés jouer au football »
Le Support’R Club remercie vivement Laurent Villebrun pour sa gentillesse et sa disponibilité dans le cadre de cette interview qui lance les débats d’une folle semaine qui s’annonce passionnante ! Le Support’R Club |